Conjuguer l’entrepreneuriat au nous
Ce parcours inspirant est celui de Déborah Cherenfant, directrice régionale, Femmes en Entreprise, Québec chez TD, communicatrice réputée, et ancienne employée de la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal, organisation de laquelle est née Concertation Montréal (CMTL). L’initiative Parcours inspirants vise à mettre en lumière des personnalités remarquables qui gravitent autour de CMTL.
Déborah Cherenfant compte un nombre impressionnant d’accomplissements. Elle a fondé plusieurs entreprises et accompagne les femmes en affaires depuis plus de 10 ans. Elle s’est imposée en parallèle comme animatrice et chroniqueuse, commentant notamment l’actualité à Noovo et à Radio-Canada, en plus de siéger sur plusieurs C.A.
Portrait d’une femme engagée au parcours singulier.
CMTL — Lorsqu’on pense à Déborah Cherenfant, on pense d’emblée entrepreneuriat, affaires et leadership au féminin. En consultant votre C.V., on se rend rapidement compte que vous avez fait une grande partie de votre parcours dans des organisations à but non lucratif (OBNL), notamment à la CRÉ de Montréal. Qu’est-ce qui vous a poussé vers ce secteur?
Déborah Cherenfant — Travailler dans le communautaire, les OBNL et le parapublic, c’est comme ça que j’ai commencé ma carrière en fait. Je dois donc beaucoup à ce milieu. Ça peut paraître cliché, mais je crois que c’est mon éducation, que c’est Haïti, le pays dans lequel je suis née et où j’ai grandi, qui m’ont amenée à avoir des valeurs plus axées sur la communauté, sur le collectif, sur l’empathie, sur le partage.
Ce sont les valeurs que j’ai retrouvées dans le communautaire, les OBNL et le parapublic. Elles m’ont véritablement alimentée au cours des dernières années, que ce soit en entrepreneuriat ou dans mes prises de parole dans les médias. J’essaie en effet, et je pense que je réussis plus souvent qu’autre chose, à faire voir l’autre côté de la médaille, le côté « nous », pas seulement le côté « je ». Cela vient de mon éducation, de mes origines culturelles, mais aussi de mon parcours professionnel, du milieu communautaire dans lequel j’ai évolué avant d’arriver au privé. Et ces valeurs d’empathie, de collectif, de collaboration, ce sont des éléments que je porte dans ma besace, même dans l’entreprise privée.
CMTL – Est-ce important pour les entrepreneur.e.s et les gens d’affaires de penser à ce « nous » là ?
DC — Oh oui ! Je pense que c’est non seulement important, c’est une nécessité. Et c’est une réalité de plus en plus courante. C’est sûr que mon point de vue est teinté par mon travail auprès de jeunes femmes entrepreneures, mais je dirais que depuis plus ou moins une décennie, les nouvelles entreprises qui sont créées pensent de plus en plus à ce nous, parfois très global, mais surtout très local. Les entrepreneur.e.s se demandent comment elles ou ils peuvent changer les choses pour leur quartier, pour leur famille, dans leur vie, dans notre société, bref, dans leur communauté.
Je pense que les anciens modèles de grandes corporations ont peut-être laissé un goût amer à cette nouvelle génération d’entrepreneur.e.s : manque de flexibilité, d’agilité et peut-être, justement, de vision sociale… Et là, c’est à leur tour de repenser les choses.
CMTL – Quel a été l’impact de votre passage à la CRÉ de Montréal dans votre cheminement ?
DC — L’impact s’est fait sentir à plusieurs niveaux. Au niveau personnel, j’ai rencontré à la CRÉ des gens à qui je parle encore, que je croise encore, et qui sont restés de véritables ami.e.s.
D’un point de vue professionnel, on peut parler d’un moment charnière. J’ai alors découvert tout l’écosystème entourant l’entrepreneuriat et l’économie sociale au Québec, soit environ 100-120 organismes à l’époque — il y en a maintenant 150-200. 11 ans plus tard, je continue d’œuvrer au sein de ce même réseau.
C’est en arrivant à la CRÉ que j’ai commencé à mieux comprendre le système politique québécois, avec ses différents paliers — municipal, provincial, fédéral. Ça faisait alors sept ans que j’étais au Québec. J’avais bien sûr des connaissances générales sur le fonctionnement des institutions, mais la Conférence régionale des élus, comme son nom l’indique, m’a permis d’entrer en contact avec des politiciennes, des politiciens, de mieux comprendre leur travail au quotidien, jusqu’où peut aller leur influence. J’ai envie de dire que c’est à cette époque que j’ai véritablement cristallisé mon intégration au Québec.
C’est aussi à l’époque de la CRÉ que j’ai fait mes premières prises de parole comme animatrice : animatrice d’événements, animatrice de panel, etc. On me disait que j’étais vraiment bonne là-dedans, si bien qu’aujourd’hui, c’est quelque chose que je fais professionnellement. Je dirais donc que la CRÉ m’a propulsée et m’a fait découvrir une seconde carrière qui s’est depuis développée en parallèle à mon travail de soutien à l’entrepreneuriat, et ça, ce n’est pas rien.
Un dernier élément important à souligner est que c’était dans la culture organisationnelle de la CRÉ de favoriser la conciliation travail-vie personnelle. Dans mon cas, c’était littéralement de la conciliation travail-entreprise. En effet, un an après mon entrée en poste, j’ai fondé Coloré, ma seconde entreprise. L’ensemble de la communauté de la CRÉ et mon directeur de l’époque étaient très ouverts, ce dernier me soutenait dans mes démarches, les collègues venaient à mes événements… C’est ce qui m’a permis, pendant deux ans, de travailler à temps partiel sur mon entreprise, alors même que j’occupais un emploi à temps plein. En 2015, lorsque la CRÉ a été dissoute et est devenue Concertation Montréal, j’ai choisi de quitter l’organisation pour me consacrer à 100 % à mon entreprise.
Quand je repense à cette époque, j’ai parfois l’impression que la CRÉ est un peu l’incubateur de Déborah, l’entrepreneure en devenir, l’animatrice en devenir. Je dois donc beaucoup à la CRÉ.
Je dis souvent à la blague que si j’ai quitté la CRÉ, je ne vais clairement pas lâcher Concertation Montréal. J’ai toujours continué à graviter autour de cette organisation, en suivant des formations, en participant à des événements, au Groupe des Trente, en étant marraine du Réseau jeunes femmes leaders, en participant à Parcours inspirants. J’y ai retrouvé le même esprit qu’à la CRÉ. Je continue à rester proche de ce réseau, car celui-ci m’a beaucoup apporté, et si je peux redonner en contribuant d’une façon ou d’une autre, je le fais avec grand plaisir!
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