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Mehdi Benboubakeur: Mettre au monde le Montréal numérique

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Mettre au monde le Montréal numérique

Ce parcours inspirant est celui de Mehdi Benboubakeur, directeur général et cofondateur du Printemps numérique, documentariste, et ancien employé de la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal, organisation de laquelle est née Concertation Montréal (CMTL). L’initiative Parcours inspirants vise à mettre en lumière des personnalités remarquables qui gravitent autour de CMTL.

Né en Algérie, Mehdi Benboubakeur a étudié en ingénierie et en marketing avant de fonder sa propre agence de communication. Arrivé au Canada en 2004, il s’est engagé sur la voie de la créativité numérique. Alors qu’il travaillait à la CRÉ de Montréal, il a cofondé le Printemps numérique, un organisme qui vise à connecter les individus, les organisations et les idées pour faire progresser et rayonner l’intelligence numérique.

Portrait d’un homme de raison et de passion!

Concertation Montréal – Pouvez-vous nous parler du magazine Réussir ici que vous avez fondé dans vos premières années au Canada?

Mehdi Benboubakeur – En 2007, j’ai fondé avec ma conjointe et deux autres amis un magazine multiplateforme qui s’appelait Réussir ici. C’était destiné justement aux nouveaux arrivants pour les aider à mieux comprendre leur nouveau milieu, mais aussi pour montrer une image positive de l’immigration. À cette période, on commençait à parler des accommodements raisonnables. Je trouvais qu’on focalisait sur des éléments qui séparaient les gens. L’idée était que, notamment, chaque numéro mette de l’avant en couverture quelqu’un issu de l’immigration qui contribue fortement à bâtir le Québec, par exemple, Mouna Andraos et Julius Grey. Il y avait un volet papier et des volets en ligne (textes, audios, images et vidéos). Donc, c’était vraiment du contenu multiplateforme, et ce, avant que les grands médias québécois se lancent dans cette approche.

Un beau jour, parce que j’étais lauréat de la bourse de la fondation du maire de Montréal, j’ai fait la rencontre dans un événement de Marie-Claire Dumas qui était la directrice générale de la CRÉ de Montréal. Elle me disait : « Est-ce que ça te tente de venir nous rejoindre à la CRÉ? » On prévoyait partir le plan d’action régional en matière d’immigration. Elle voulait que l’équipe reflète les valeurs que la CRÉ devait porter.

C’est ainsi que j’ai intégré l’organisation, aux communications, et que j’y ai découvert le plaisir de travailler sur des projets structurants.

CMTL – En quoi la CRÉ était-elle un terreau fertile pour fonder le Printemps numérique?

MB – L’histoire de Montréal est assez riche quant aux pratiques d’art numérique. On est à mon sens la ville nord-américaine la plus importante dans le domaine. Cette force de Montréal a été identifiée assez vite. Déjà en 2005, Monique Savoie, qui a longtemps été la directrice de la Société des arts technologique (SAT), souhaitait faire une première activité pour montrer la richesse des arts médiatiques dans la Métropole. Il y avait plusieurs acteurs à Montréal qui souhaitaient que la CRÉ travaille là-dessus. Moi, j’ai repris le dossier alors que la démarche de concertation avait déjà débuté.

Par notre position à la CRÉ, on avait le privilège de voir venir des tendances et d’identifier des priorités. C’est ce qu’on appelait les projets structurants. On avait la capacité de financer certains projets, d’agir sur des écosystèmes, voire de préparer des écosystèmes. Mais cela devait passer par la concertation. Les projets devaient avoir une résonance beaucoup plus large pour aboutir.

L’autre chose importante, c’était la capacité de créer des liens entre les milieux politique et socioéconomique. On arrivait à outrepasser la partisanerie pour comprendre les points de vue de chacun.e.s. Donc, ces liens nous permettaient d’appuyer les milieux politiques dans leurs actions pour qu’ils répondent aux préoccupations de la communauté.

L’idée de la concertation, qui est poursuivie aujourd’hui par Concertation Montréal, c’est d’avoir une diversité d’opinions autour de la table. On ne doit pas faire en sorte que tous s’entendent sur tout, mais plutôt essayer d’avoir le plus grand dénominateur commun. On doit aussi s’assurer que tout le monde ait le droit de parole, les partis très vocaux, très puissants, très forts, comme les autres qui le sont moins. Mais l’équilibre est parfois difficile à trouver. La concertation, c’est donc plus lent que de partir un projet seul, mais quand le travail est concerté, on s’assure de prendre le meilleur chemin parmi tous ceux qui s’offrent à nous.

CMTL – Comment l’écosystème du numérique s’est-il transformé à Montréal depuis 10 ans et de quelle façon cela s’est-il traduit dans les initiatives du Printemps numérique?

MB – Pour nous, l’idée de départ c’était vraiment le rayonnement. On savait qu’on était bons au Québec en général, et à Montréal en particulier. On souhaitait faire comprendre ici et à l’international la richesse de notre écosystème numérique. On faisait donc un calendrier consolidé de toutes les activités qui touchent le numérique. On travaillait à générer du contenu, surtout à l’international : en France, en Angleterre, aux États-Unis, par exemple. On invitait aussi des journalistes à venir ici participer à différentes activités.

On a fait des saisons du numérique jusqu’en 2018. On constatait que le rayonnement s’était grandement amélioré, mais que d’autres problématiques subsistaient. À Montréal, on a beaucoup de secteurs dans lesquels on est pas mauvais du tout : le jeu vidéo – on est la 4e ou 5e ville en importance au monde en la matière, mais on est la première en termes de concentration per capita de développeurs de jeux vidéo –, les effets visuels pour le cinéma et la vidéo – tout ce qui est Avengers, X-Men, etc. passe d’une façon ou d’une autre par Montréal –, la réalité virtuelle – les lunettes de réalité augmentée de Facebook utilisent une technologie développée par une compagnie d’ici –, l’intelligence artificielle (IA) – on est une ville de recherche et toute l’IA générative que le monde découvre maintenant, on en parle depuis plusieurs années au Printemps numérique… On constatait beaucoup de potentiel de transfert technologique d’un secteur du numérique à un autre afin d’arriver parmi les premiers sur certains marchés.

C’est pour ça qu’on a commencé MTL Connecte en 2019. On voulait fonder un événement majeur qui amènerait du monde de l’international afin de créer ces maillages, mais aussi des rencontres entre les acteurs de chacun des écosystèmes. La 5e édition a eu lieu en 2023.

Maintenant, ce qu’il faut qu’on améliore, c’est vraiment la question de la propriété intellectuelle. On voudrait la garder au Québec pour qu’on crée plus de richesse ici.

CMTL – Vous militez pour des technologies plus éthiques et inclusives. Pouvez-vous nous parler des actions du Printemps numérique de ce côté?

MB – D’une part, on a développé avec le temps cette posture qu’on pourrait décrire comme technocritique. On vit actuellement des moments assez décisifs dans l’histoire de l’humanité. On a les changements climatiques, on a un effondrement du vivant – la 6e extinction de masse dont l’humain est directement responsable –, puis il y a une raréfaction des ressources naturelles.

C’est très intéressant la technologie, mais il faut faire attention aux usages. C’est ce qu’on remet au premier plan. La technologie doit répondre à des objectifs, à des priorités, sachant les immenses défis qui se présentent devant nous.

D’autre part, il y a tous nos projets jeunesse. Dans l’économie de la connaissance, la matière première, c’est nos cerveaux. Sachant cela, comment préparer la relève pour ne pas qu’il y ait deux catégories de citoyennes et citoyens? Comment faire en sorte qu’elle soit représentative de la population, cette relève-là? C’est la question de la présence des filles dans les milieux technologiques – on collabore d’ailleurs avec CMTL et le Mouvement montréalais Les Filles & le code (MMFC) sur cette question –, de celle des Premières nations, de toutes les vulnérabilités en lien avec la technologie. On a plusieurs actions en la matière à Printemps numérique, réunies dans un gros projet appelé Jeunesse QC 2030.

Nous agissons également à l’échelle internationale sur ces questions, à l’exemple de la déclaration que nous venons de signer avec Nantes pour une IA éthique et inclusive.

Dans les deux cas, cette volonté d’avoir un impact transversal et de se raccrocher aux questions de participation citoyenne est dans l’héritage direct de la CRÉ. Celui-ci continue de m’accompagner et teinte les actions qui sont mises de l’avant au Printemps numérique, comme c’est aussi le cas à Concertation Montréal.

L’inspiration se poursuit ici avec d’autres entretiens. Consultez notre site Internet pour en savoir plus sur nos programmes. 

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