Mettre l’humain au cœur de son cheminement
Ce parcours inspirant est celui de Nadine Gelly, gestionnaire de carrière, ancienne membre de conseils d’administration et première membre honoraire de Concertation Montréal. L’initiative Parcours inspirants vise à mettre en lumière des personnalités remarquables qui gravitent autour de CMTL.
Au cours de sa prolifique carrière, Nadine Gelly a évolué dans plusieurs secteurs d’activités : hôtellerie, tourisme, culture, entrepreneuriat, jeux vidéo… Elle a fondé au passage plusieurs organisations, notamment La Vitrine culturelle de Montréal et Zú. Dédiée à la gestion d’organismes à but non lucratif (OBNL), elle a siégé à de nombreux conseils d’administration et se décrit elle-même comme une passionnée de gouvernance qui a mis l’humain au cœur de son cheminement.
Concertation Montréal – Votre parcours est impressionnant. Qu’est-ce qui vous a attiré vers les organismes à but non lucratif?
Nadine Gelly – Ce qui m’a attiré vers le secteur des OBNL, ce sont les opportunités qu’ils offrent. Ces organisations ont généralement une mission axée sur une cause ou le bien d’une communauté, ce qui permet de nouer divers partenariats. Notre clientèle ne se limite pas aux consommateurs; elle englobe également les partenaires gouvernementaux, municipaux, d’autres organisations, ainsi que les membres. Travailler avec des personnes qui se soucient réellement de la mission de l’organisme est ce qui m’a séduite dans le milieu à but non lucratif.
Bien que j’aie toujours eu une mentalité orientée vers les affaires, ma priorité a toujours été de soutenir les projets et la mission de l’organisation, plutôt que de rechercher à tout prix les grandes marges de profit.
De plus, j’ai passé la majeure partie de ma carrière dans des postes de direction, souvent en tant que directrice générale. Diriger un OBNL, c’est un peu comme être entrepreneur.e, mais avec un conseil d’administration qui constitue une équipe de soutien remarquable.
En fin de compte, ce que j’apprécie le plus des OBNL, c’est le sentiment d’appartenance, souvent plus fort que dans le secteur privé, qui émerge de la mission et des liens qui se tissent autour d’elle.
CMTL – De quel accomplissement professionnel êtes-vous la plus fière?
NG – C’est la création de La Vitrine culturelle.
Lorsque j’étais chez Tourisme Montréal, on m’a proposé de rédiger le plan d’affaires pour La Vitrine culturelle. Le concept avait été élaboré à un niveau stratégique, mais j’ai eu la chance de développer le plan et la vision, et avec l’appui du conseil d’administration, j’ai pu sécuriser le financement nécessaire.
Rapidement, l’organisme s’est fait connaître à Montréal, puis même à l’échelle du Québec. Nous avons reçu une reconnaissance significative de la part des gouvernements et avons mis en place de nombreuses nouvelles méthodes de travail.
À cette époque, le terme «coopétition» n’existait pas encore. Nous collaborions avec tous les organismes culturels de Montréal et avons créé une vaste base de données qui aurait pu s’étendre à l’ensemble du Québec. Nous avons lancé un passeport pour l’accueil des étudiants étrangers et été à l’origine d’une première application en réalité augmentée… C’était il y a 12 ans! Nous avions constamment des idées très innovantes, et les retombées pour toute l’industrie ont été considérables.
CMTL – Vous avez siégé longtemps au C.A. de Concertation Montréal, vous êtes d’ailleurs notre première membre honoraire. Qu’est-ce que ce passage a apporté dans votre cheminement professionnel?
NG – Ce qui m’impressionne le plus à propos du conseil d’administration de CMTL, c’est sa professionnalisation. Tout y est structuré : les règles de gouvernance, la documentation, les procédures… Tout est en place. Je dis souvent qu’il est essentiel d’être capable d’enseigner les pratiques de CMTL aux autres, tant la gestion a toujours été exemplaire.
Cette expérience m’a beaucoup appris sur la gouvernance et m’a permis d’évoluer dans ce domaine; je suis devenue plus avertie grâce à CMTL.
Les contacts que j’ai établis au sein de l’organisation sont également significatifs. Ce qui distingue le conseil d’administration de CMTL, c’est qu’il réunit à la fois des élu.e.s et des représentant.e.s de la société civile, avec une représentation dans toutes ses sphères. Cela nous permet de mieux comprendre la réalité des autres, notamment grâce aux intervenant.e.s de haut niveau qui, pour la plupart, occupent des postes de direction générale. Leur point de vue enrichit considérablement notre perception des différents secteurs d’activité. C’est l’une des grandes forces de CMTL.
Je répète souvent que la mission de CMTL n’est pas suffisamment connue, et j’y tiens beaucoup. C’est un organisme exceptionnel.
CMTL – Concertation Montréal pilote différents programmes pour encourager la parité, la diversité et l’inclusion dans les lieux décisionnels. Pourquoi est-ce que ces programmes sont importants selon vous?
NG – À mon avis, la manière d’aborder la question est en train de changer. Auparavant, il était crucial d’avoir des cibles en pourcentage pour augmenter la représentation des femmes et des personnes issues de la diversité dans les instances décisionnelles.
Personnellement, j’ai été moi-même l’une de ces femmes perçues comme un simple «pourcentage» dans un conseil d’administration. Dans ma jeunesse, j’ai souvent ressenti le syndrome de la «petite cocotte». Lors des événements, entourée de grands dirigeants, on m’a souvent complimentée sur ma tenue, avec des remarques comme : «Tu as une belle robe, Nadine». J’ai finalement décidé de ne plus accepter d’être réduite à mon apparence; j’ai compris que si l’on se concentre uniquement là-dessus, autant ne plus se parler et je l’ai exprimé tout haut à certaines personnes. C’est à ce moment que j’ai changé ma posture et que j’ai gagné en confiance.
Je pense que CMTL, à travers de nombreux programmes, aide à renforcer la confiance des personnes issues de groupes traditionnellement sous-représentés dans les lieux de pouvoir. Ces programmes sont davantage axés sur le leadership, travaillant ainsi sur la posture des individus plutôt que sur des cibles chiffrées. Cela permet d’arriver à un conseil d’administration avec la certitude d’y avoir sa place et la capacité de s’affirmer au sein du groupe, car si l’on ne prend pas cette place, il est peu probable qu’elle nous soit automatiquement accordée.
Cette approche est ce qui distingue Concertation Montréal. Elle illustre bien l’esprit innovant de l’organisme, qui est capable d’anticiper et d’agir avant les autres.
CMTL – En quoi la gouvernance inclusive renforce-t-elle une organisation?
NG – Nous ne pouvons pas évoluer ni innover sans avoir une ouverture d’esprit sur ce qui se fait dans d’autres sociétés ou cultures. Si nous formons un groupe homogène, et que nous ne sommes pas confronté.e.s à d’autres perspectives, nous stagnons. Je considère qu’il s’agit là d’une immense occasion d’élargir nos horizons et de devenir plus innovant.e.s.
De plus, si nous ne connaissons pas les différentes cultures, les diverses communautés et les profils variés d’individus, comment pouvons-nous entrer en contact avec toutes nos clientèles potentielles? Comment les rejoindre si nous ne savons pas comment leur parler, si nous n’utilisons pas le bon langage ou les bons codes? Pour moi, la diversité est donc d’une richesse et d’une importance capitale.
Cependant, la diversité au sein d’un conseil d’administration implique la présence de tous les types de personnes. Il est important d’avoir des hommes blancs, Québécois d’Amérique, comme j’aime les appeler, des personnes plus âgées, et ainsi de suite. Lorsqu’une situation est favorable, il n’y a pas de problème à n’avoir que des membres de la relève dans un conseil d’administration. En revanche, en période de crise, si tous les membres manquent d’expérience, cela peut poser des difficultés. La force d’un C.A. réside dans la présence d’une majorité de personnes expérimentées qui sont capables à la fois d’accompagner les plus jeunes et de partager les leçons apprises avec l’expérience.
C’est dans cette optique que CMTL propose de nombreux programmes visant à aider les organisations à diversifier leurs instances avec des personnes compétentes. Ces initiatives offrent également l’occasion aux leaders issus de groupes sous-représentés de se préparer efficacement à occuper leur place dans les sphères décisionnelles. Cela représente un bénéfice non seulement pour les organisations, mais surtout pour l’ensemble de la société.
L’inspiration se poursuit ici avec d’autres entretiens. Consultez notre site Internet pour en savoir plus sur nos programmes.
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