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Parcours inspirants

Jules Laurent-Allard: Des modèles et des résultats

Jules Laurent-Allard CMTL

Des modèles et des résultats

Ce parcours inspirant est celui de Jules Laurent-Allard, consultant stratégique qui a rédigé le rapport de recherche «30 ans de concertation agissante; L’expertise unique développée par Concertation Montréal» publié le printemps dernier. L’initiative Parcours inspirants vise à mettre en lumière des personnalités remarquables qui gravitent autour de CMTL.

Formé en développement international, en philosophie, en sciences sociales et en urbanisme, Jules Laurent-Allard s’intéresse tout particulièrement aux processus de prise de décision et au rôle de l’éducation dans la définition des organisations et des communautés. Découvrez sa fine compréhension des processus de participation publique et le parcours qui se cache derrière.

Concertation Montréal – Tu as réalisé une étude sur les modèles de concertation employés par CMTL intitulée «30 ans de concertation agissante; L’expertise unique développée par Concertation Montréal». Peux-tu nous en résumer les grandes lignes? 

Jules Laurent-Allard À l’approche des 30 ans, puis des 10 ans de Concertation Montréal, Carle Bernier-Genest, le directeur général de l’organisation, voulait qu’on élabore un portrait général de l’organisation qui permettrait de mieux comprendre ses méthodes et son savoir-faire afin de mettre en valeur son héritage et son impact. Pour ce faire, la première question que je lui ai posée est : à quoi cela va-t-il servir, au-delà du positionnement organisationnel? On a donc réfléchi à l’utilité d’un si vaste exercice.  

C’est là qu’on a eu l’idée d’élaborer une série de fiches analytiques présentant les principaux modèles de concertation développés par CMTL. On y retrouve différentes informations comme une définition du modèle, le contexte dans lequel celui-ci peut s’inscrire, sa valeur ajoutée, ses phases de déploiement, ses avantages et ses limites, ainsi que les apprentissages qui en découlent. 

L’objectif dans cette façon de présenter l’information était de permettre à l’équipe de mieux se positionner par rapport à ce qu’elle fait en ayant une compréhension plus large des processus à l’œuvre dans l’organisation. On souhaitait aussi que le document puisse servir de référence pour les nouvelles et les nouveaux venu.e.s. Ces fiches ouvrent aussi de nouvelles opportunités appuyées sur une documentation claire et précise.  

Pour ce faire, on a analysé une vingtaine de projets. Pour chacun, j’ai fait des entretiens avec un.e responsable de projet à l’interne, un.e partenaire externe avec un regard critique, et un.e troisième intervenant.e capable de corroborer les propos des deux autres. Au total, j’ai rencontré une soixantaine de personnes. Neuf modèles de concertation ont été identifiés au cours de ce processus. 

CMTL – Peux-tu nous parler de certains modèles pour que l’on comprenne mieux la portée de ton travail? 

JLA – Le premier exemple qui me vient en tête est la communauté de pratique agissante, un modèle à succès pour CMTL. Il s’agit d’un groupe rassemblant des organisations, représentées par des personnes désignées, se rencontrant régulièrement au cours d’une période donnée afin d’échanger et de mettre en place de bonnes pratiques pouvant résoudre un enjeu sectoriel, social ou structurel, pour reprendre la définition de l’étude. 

Ce type de projet repose bien entendu sur l’expertise en concertation de CMTL, mais convoque aussi l’expertise en lien avec les champs d’activité respectifs des membres de l’équipe. En effet, on doit d’une part créer la communauté, puis la maintenir en ayant recours à différentes méthodes de mobilisation. D’autre part, ce type de projet implique un partage et un transfert de connaissances qui permet aux participant.e.s de s’approprier de bonnes pratiques. Les membres de l’équipe de CMTL ont un rôle important à jouer afin de structurer ces échanges, identifier les bonnes activités, mobiliser les bon.ne.s intervenant.e.s et doivent donc connaître en profondeur le sujet sur lequel porte la communauté de pratique. 

C’est un modèle qui fonctionne très bien pour Concertation Montréal, parce que ça peut être très ciblé. Ça peut s’ancrer dans des enjeux régionaux identifiés par des personnes expertes, mais la communauté de pratique, elle, est créée et maintenue par l’expertise en concertation de CMTL. 

Un deuxième exemple me vient en tête, ce qu’on a appelé les projets d’innovation sectorielle. Ce modèle consiste à explorer un enjeu en concertation avec les actrices et acteurs d’un milieu, puis à apporter une première solution sous forme de projet pilote. L’objectif de celui-ci est de donner l’impulsion à l’émergence de nouveaux leaders qui contribuent à apporter des solutions à l’enjeu identifié au départ. Il peut s’agir par exemple de nouvelles organisations issues du milieu qui offrent un service aux populations ciblées au départ.

Ce qui est intéressant avec ce modèle, c’est que le rôle de CMTL évolue avec le temps. En s’éloignant graduellement du service direct à la population, elle peut travailler à plus haut niveau en faisant le lien entre ces nouvelles organisations et les villes (ou le Gouvernement du Québec) afin de mettre en place une nouvelle concertation. Ça demande beaucoup de flexibilité et d’inventivité, mais c’est une façon intéressante de préciser un enjeu et d’amener des solutions réellement adaptées aux besoins du milieu. 

Je pourrais nommer encore plusieurs autres exemples, notamment le modèle des cohortes, comme le Groupe des Trente, qui est en train de s’étendre partout au Québec, mais dans l’ensemble, ce qui distingue CMTL, c’est vraiment le niveau d’action. Par ses différents modèles de concertation, l’organisation incarne véritablement son rôle d’interlocutrice privilégiée en matière de concertation régionale des villes de l’île de Montréal. CMTL a donc une capacité à fédérer des organisations actives sur le terrain, à transférer des connaissances et à créer des projets collectifs plus ambitieux.  

Cela repose à la fois sur l’expertise en concertation et sur des champs d’activité de CMTL, mais aussi sur une compréhension des tendances régionales, un savoir qui lui permet de prendre position et d’inscrire certains projets dans le contexte propre à la métropole. 

CMTL – Peux-tu revenir sur ton parcours en concertation et en consultation citoyenne? 

JLA – J’ai fait une maîtrise en urbanisme où je me suis intéressé à la participation publique et à l’engagement citoyen, ce que ça représente comme partage de pouvoir dans les décisions, comment ça influe réellement sur l’aménagement du territoire. Je me suis aussi penché sur les parcours d’autonomie politique des Premières Nations et des Inuits afin de comprendre la place des jeunes et des organisations autochtones dans ces démarches. 

Toute cette mécanique se joue à plusieurs niveaux. Celui de la population à travers des processus de consultation et de mobilisation. Puis à des niveaux plus élevés dans ce qu’on qualifie de concertation au sein ou entre les organisations, puis entre les organisations et les institutions. 

Je travaille là-dedans depuis plusieurs années et c’est au travers de tout ça que j’ai eu un premier contrat avec Concertation Montréal, pour analyser et accompagner la démarche de consultation des jeunes du Sud-Ouest et la refonte du conseil jeunesse d’arrondissement de Ville-Marie.  

Donc, en ayant un pied dans l’organisation et en parallèle des compétences en participation citoyenne, mais aussi en développement stratégique au sein des organisations et en gestion des connaissances, j’ai été approché pour faire le rapport dont nous avons parlé plus tôt. 

CMTL – L’équipe de CMTL a pu constater tes talents dans l’animation d’ateliers et ta créativité dans l’élaboration des marches à suivre. Comment as-tu développé ces compétences importantes dans ton travail? 

JLA La réponse plate : c’est en le faisant qu’on apprend. La prise de parole publique peut être fondamentalement stressante. J’ai pu m’y exercer dans plusieurs contextes, soit en animant des tables de consultation publique, en participant à des colloques universitaires… L’aspect plus didactique, je l’ai appris graduellement avec des collègues scientifiques et perfectionné en suivant une formation pour enseigner au niveau collégial.  

Puis j’ai ajouté une corde à mon arc en travaillant en médiation culturelle. C’est ainsi que j’ai appris des méthodes plus ludiques, des méthodes plus créatives, qui permettent d’aplanir le dialogue et d’horizontaliser les discussions. J’utilise ainsi certaines techniques de médiation qui ont pour but de créer un espace sécuritaire dans lequel les gens se sentent à l’aise de prendre la parole, dans un contexte où il y a un niveau de connaissances élevé, comme chez Concertation Montréal. 

Il y a un gros travail de préparation qui me permet d’être à l’aise lors des ateliers. Cela me permet également d’adapter ma façon de procéder aux besoins spécifiques de l’organisation. Ce processus a été essentiel dans le travail que j’ai accompli auprès de CMTL. La collaboration s’est d’ailleurs poursuivie à la suite du rapport discuté plus tôt, alors que j’ai accompagné plusieurs équipes sectorielles dans différentes activités de réflexion stratégique. 

Cela me ramène d’ailleurs à l’une des grandes forces de Concertation Montréal à l’heure actuelle que j’ai identifiée. CMTL est en effet une organisation qui souhaite réfléchir sur elle-même et qui mobilise toute l’équipe à cette fin. Cette volonté de briser les silos, de jumeler les expertises et de développer des projets conjoints au sein de l’organisation est définitivement une force qui favorisera son bon développement dans le futur. 

L’inspiration se poursuit ici avec d’autres entretiens. Consultez notre site Internet pour en savoir plus sur nos programmes. 

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