Pour une plus grande représentativité des jeunes en politique
Ce parcours inspirant est celui de Younes Boukala, conseiller d’arrondissement de Lachine, et membre du conseil d’administration de Concertation Montréal (CMTL). L’initiative Parcours inspirants vise à mettre en lumière des personnalités remarquables qui gravitent autour de CMTL.
En novembre 2017, Younes Boukala, alors étudiant en science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), est devenu le plus jeune conseiller de l’histoire à être élu à Montréal, à l’âge de 22 ans. Son âge ne l’a pas empêché de cumuler les accomplissements. Aujourd’hui, en plus d’en être à son deuxième mandat de conseiller, Younes Boukala a complété son baccalauréat et un MBA. Il occupe aussi plusieurs fonctions, notamment à titre de président du C.A. du Carrefour jeunesse-emploi de Lachine.
CMTL – Qu’est-ce qui vous a poussé si jeune vers la politique?
Younes Boukala – À la suite du 11 septembre 2001, j’ai été frappé par les changements de perceptions survenus du jour au lendemain. L’image médiatique des musulmans a changé du tout au tout. Je le voyais avec mes ami.e.s au primaire. C’était comme si j’étais passé de Younes l’exotique à Younes le terroriste.
À partir de ce moment, j’ai toujours trouvé fascinant de voir les impacts locaux de situations vécues à l’étranger, ou du moins, de constater leurs effets concrets pour moi, fils d’immigrants vivant à Lachine, un arrondissement dans lequel il n’y avait pas à l’époque beaucoup de personnes issues de l’immigration.
Cette fascination m’a poussé à étudier en science politique au cégep et à l’université. J’ai alors entendu parler du projet d’ambassadeurs jeunesse dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal. C’est Concertation Montréal et le Forum jeunesse de l’île de Montréal (FJÎM), qui gérait cela. L’idée était que de jeunes ambassadrices et ambassadeurs consultent les jeunes de leur arrondissement et aillent une semaine à l’international afin de ramener de bonnes pratiques à Montréal.
De fil en aiguille, cela m’a permis de rencontrer des politicien.ne.s œuvrant au municipal. C’est comme ça que je me suis intéressé à ce palier de gouvernement, alors que c’est vraiment l’international qui avait été mon centre d’attention auparavant.
À l’approche de la campagne électorale de 2017, étant donné que j’avais un background en science politique, j’ai demandé comment je pouvais aider. On m’a offert de me présenter pour un poste de conseiller d’arrondissement à Lachine, le quartier où j’habitais. Je leur ai répondu : « J’ai grandi là, j’y ai fait l’école primaire et secondaire, c’est sûr que je peux gagner! » J’ai fini par l’emporter avec une faible marge de 300 votes.
CMTL – Est-ce que ces résultats serrés ont influencé ta façon de te positionner en tant qu’élu?
YB – Absolument! Je trouvais fascinant d’avoir 100% des responsabilités alors que j’avais remporté l’élection par une faible marge. Je me suis dit : «OK, ça veut dire que beaucoup de monde n’est pas d’accord.»
Je suis une personne qui aime relativiser. Je me dis souvent, ça, c’est la décision qui semble logique, qui correspond le plus à mes valeurs ou à celle du parti, mais ce serait quoi l’autre côté de la médaille? C’est ce que j’ai essayé de faire dans mon cheminement politique.
Et puis, j’ai toujours eu ce désir d’amener les gens, les jeunes en particulier, à s’intéresser à la politique. J’ai donc essayé le plus possible de rejoindre celles et ceux qui ne votent pas, qui ne sont pas intéressé.e.s. Je pensais que ce serait plus facile à accomplir cependant. Il y a vraiment beaucoup de cynisme.
CMTL – On dit souvent que les jeunes s’intéressent peu à la politique, est-ce que c’est vrai selon vous?
YB – Je ne pense pas qu’elles et ils sont désintéressé.e.s, mais elles et ils sont habitué.e.s à se désintéresser de la chose politique. Les jeunes ont été habitués au cynisme dont je parlais plus tôt. C’est dur d’arriver puis de dire : c’est important de voter, c’est un devoir, etc.
Quand on est jeune, d’une part, les médias s’adressent moins à nous. D’autre part, peut-être qu’on se rend moins compte de l’impact des décisions politiques. C’est plus le symbole que l’enjeu en soi qui attire notre attention. Par exemple, si on veut plus de justice sociale, on vise seulement la justice sociale. Mais en pratique, il faut aussi créer de la richesse pour pouvoir se questionner sur la façon de la redistribuer.
C’est très idéaliste tout ça. Puis, avec le temps, on comprend que ce n’est pas comme ça que ça marche. Au-delà de la partisanerie, il faut sensibiliser les jeunes aux enjeux concrets que l’on traite en politique et aux difficultés d’apporter des solutions satisfaisantes pour tous.
CMTL – La participation démocratique est l’un des grands axes sur lesquels travaille CMTL. En quoi est-ce que nos activités sont importantes pour favoriser la participation politique de différentes catégories de personnes sous-représentées dans les milieux politiques, notamment des jeunes?
YB – Le côté municipal de la démocratie, honnêtement, si ce n’était de Concertation Montréal, je ne l’aurais pas connu. Le programme Ambassadeurs jeunesse du 375e de Montréal a vraiment été déterminant pour moi. Je n’aurais probablement pas été en politique municipale si je n’avais pas fait toutes ces rencontres.
À l’époque où je suis entré en poste, à Lachine, il n’y avait pas de conseil jeunesse d’arrondissement (CJA). J’ai donc fait en sorte qu’on en mette un en place. Concertation Montréal nous a beaucoup accompagné.e.s. Pour moi, c’est important que les jeunes de Lachine aient une place pour se rencontrer, pour échanger, pour avoir une influence.
Et puis, elles et ils font vraiment de belles choses. Les jeunes du CJA ont proposé, par exemple, la location d’équipements sportifs. Tu sais des ballons de basket, tout ça. Quand il y a des consultations publiques, ils nous aident aussi à rejoindre les jeunes.
Ça permet bien entendu de rapprocher la politique des jeunes, ce que je voulais beaucoup au départ. Et aujourd’hui, je constate la valeur de cette démarche. Ça fait ressortir les préoccupations et les avis des jeunes. Donc c’est très important.
À cela s’ajoutent les visites à l’hôtel de ville avec les jeunes, organisées par CMTL, qui sont très appréciées également. Les jeunes s’en souviennent quand elles et ils y participent. Ça les marque. En tous cas, moi, je me rappelle quand mon frère a visité l’hôtel de ville de Montréal et que je suis allé avec lui.
Je le constate, les programmes de CMTL encouragent beaucoup de femmes et de personnes issues de minorités à se lancer en politique. Ça pousse aussi les jeunes à s’engager. À Montréal, on arrive à la parité chez les élu.e.s, on a une représentation de la diversité, mais dans d’autres municipalités, ce n’est pas toujours le cas. Rien n’est donc gagné. Il faut continuer le travail pour une meilleure représentativité de la population dans nos institutions politiques et CMTL y contribue efficacement.
L’inspiration se poursuit ici avec d’autres entretiens. Consultez notre site Internet pour en savoir plus sur nos programmes.
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