Prendre le temps d’écouter pour accélérer le changement
Ce parcours inspirant est celui de Caroline Tessier, directrice régionale du campus de Montréal de l’École des entrepreneurs du Québec et collaboratrice de tous les instants de Concertation Montréal (CMTL). L’initiative Parcours inspirants vise à mettre en lumière des personnalités remarquables qui gravitent autour de CMTL.
Ayant évolué longtemps dans le milieu des sociétés de développement commercial (SDC), Caroline Tessier s’est vivement intéressée aux questions de transition écologique. Elle a ainsi développé une solide expérience en matière de concertation et une approche adaptée à ses valeurs.
Portrait d’une femme qui valorise l’écoute afin de mieux diriger.
CMTL – Pouvez-vous nous résumer brièvement votre parcours?
Caroline Tessier – Je suis présentement directrice du campus de Montréal de l’École des entrepreneurs du Québec, un emploi que j’adore surtout à cause de la culture organisationnelle : une culture d’ouverture très bienveillante. J’ai auparavant longtemps évolué au sein des sociétés de développement commercial (SDC).
Mon parcours a en effet débuté dans le monde des SDC, il y a plus de 10 ans. Déjà lors de mon entrevue à la SDC du Quartier latin, j’ai rapidement réalisé que c’était un milieu rempli de besoins et de défis. Les commerçant.e.s vivaient toutes sortes d’enjeux : taux d’inoccupation élevé sur la rue, grèves étudiantes, diminution de l’achalandage, travaux, etc. Je réalisais que les commerçants avaient besoin de beaucoup d’écoute, qu’ils avaient besoin de parler des défis qu’ils rencontraient. Je me suis sentie directement à ma place : coup de foudre professionnel!
J’ai ensuite eu envie de diriger une SDC, de transmettre et partager ma vision, ma couleur. J’ai donc occupé le poste de directrice générale de la SDC rue Saint-Denis, du côté du Plateau Mont-Royal, en plein chantier de construction. Si j’aimais les enjeux au Quartier latin, j’ai été bien servie au niveau de la rue Saint-Denis! Après ce parcours dans les SDC, j’ai poursuivi mon chemin à l’Association des SDC de Montréal, dont j’étais la première directrice générale.
CMTL – Peux-tu nous parler un peu du rôle des SDC?
CT – Une SDC, ce sont des commerçant.e.s sur un territoire précis, un quartier ou une rue, qui se réunissent et fondent un OBNL, une organisation qui est chargée d’animer économiquement le territoire, d’en faire la promotion et de le faire rayonner. Ces entités ont aussi un rôle politique et stratégique auprès des nombreux partenaires et bailleurs de fonds.
La collaboration et la concertation sont au cœur des SDC qui se retrouvent à plusieurs occasions aux côtés de certains acteurs aux besoins et attentes bien différents. Cela suscite parfois des divergences d’opinions, que ce soit à cause, par exemple, de l’installation d’une piste cyclable, d’une hausse de taxes, ou d’autres mesures gouvernementales qui touchent directement les commerces. Pour bien se positionner, elle doit écouter attentivement les besoins des gens qu’elle représente, que ce soit des commerces de détail, des restaurants, des bureaux d’affaires, des citoyen.ne.s, etc.
Il y a quelques années, je tentais d’implanter une vision qui s’inscrivait dans une perspective de développement durable dans l’univers des SDC. Je dois admettre après coup, plusieurs années plus tard, que c’était assez rempli d’embûches. J’ai réalisé à travers le temps que, lorsqu’il est question d’implanter une nouvelle technologie, une nouvelle mesure, lorsqu’il est question de changement ou de nouveauté, mieux vaut prendre son temps. Cela permet ironiquement d’aller plus vite. Les besoins d’un.e citoyen.ne, d’un.e commerçant.e qui a pignon sur rue ou d’un.e commerçant.e situé.e à un étage supérieur, ainsi que ceux d’une entité politique, par exemple, sont très différents, d’où l’importance de réunir ces gens, d’écouter leurs opinions, d’aller chercher leurs idées, et aussi de comprendre la raison derrière la réticence au changement.
On dit souvent que l’on manque de temps comme gestionnaire, surtout dans des organisations sans but lucratif où les ressources sont très limitées et je pense que c’est souvent cela qui rend les changements plus difficiles à implanter. Le manque de temps consacré à l’écoute des besoins d’autrui peut créer des frictions qui restent à long terme, ça peut engendrer des bris de confiance entre l’organisation et ses membres. Il est important de trouver le juste équilibre. Et puis de ne pas hésiter à faire affaire avec une ressource externe pour nous soutenir dans cette démarche de changement. Dans mon cas, je me suis tournée vers Concertation Montréal afin de mettre en place des mesures en environnement, en développement durable et même en gouvernance au sein des SDC.
CMTL – Justement, peux-tu revenir plus en détail sur ta collaboration passée avec CMTL?
CT – Au départ, c’est le grand intérêt que j’avais pour la gouvernance des OBNL qui m’a menée à m’intéresser à Concertation Montréal, à l’époque, c’était la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal en fait. Des formations sur la gouvernance destinées aux dirigeants d’OBNL avaient été mises sur pied — CMTL en offre toujours d’ailleurs. Je me suis intéressée à ce que la CRÉ faisait. Puis j’ai participé à plein de formations. À chaque fois, je me disais : « Mon Dieu, que c’est pertinent ! » Ça m’était utile au quotidien.
Je me suis liée d’amitié professionnelle avec Philippe Massé, qui est maintenant conseiller à la concertation et à la gouvernance à CMTL. On a jasé de gouvernance à plein de reprises. Je l’ai appelé pour des conseils d’administration. Ça a évolué avec le côté développement durable, justement. J’ai travaillé avec plusieurs personnes : avec Audrey et Mathieu, qui faisaient partie à l’époque de l’équipe Transition écologique, et aussi avec Nicolas et Marie-Pierre, qui en font toujours partie.
Il y avait un intérêt de mon côté à aller vers le développement durable, puis à faire des actions concrètes en environnement. J’aurais pu en parler à Concertation Montréal et que ça s’éteigne, mais non ! J’ai fait part d’un besoin que j’avais et puis tout de suite, j’ai été prise en charge. J’ai été accompagnée. On a tout de suite été vers un plan d’action concret. Ça s’est fait naturellement. Puis il y a eu un super beau leadership de la part de l’équipe. Celle-ci était d’une grande compétence. Ce qui a été mis sur pied était réaliste et facile à concrétiser.
Au final, ça n’a pas été si difficile à implanter dans l’univers des SDC. Il y en a même plusieurs qui ont débuté leur propre initiative avec Concertation Montréal par la suite. J’ai tout simplement eu un autre coup de foudre professionnel. Les valeurs étaient vraiment en phase avec mon style de leadership axé sur la concertation, la collaboration et la communication.
CMTL – Concertation Montréal se présente comme le réseau des réseaux. Or, les SDC sont des réseaux de commerçants. Quelle est l’importance des réseaux dans le monde dans lequel on vit? Pourquoi faut-il avoir des réseaux, puis créer en plus des liens entre ceux-ci?
CT – Bonne question, très bonne question, le rôle des réseaux…
Je pense que ça revient un petit peu à ce que je disais plus tôt à propos de la connaissance des réalités de chacun. Cela permet l’entraide entre les acteurs faisant partie du réseau. Je pense que l’entraide est super importante. Je pense que c’est un des principaux bénéfices de la création de réseaux : le partage d’expérience, de conseils, d’apprentissages, etc. La mise en commun crée aussi un rapport de force qui permet entre autres de négocier ou de mettre en place des projets phares. À plusieurs, on est plus forts que seuls.
Mon parcours auprès de CMTL en constitue d’ailleurs un bel exemple. Celui-ci a pris plusieurs formes : formation, partage, entraide et collaboration. Cela m’a aidée dans mes projets, tout en renforçant les organisations pour lesquelles je travaillais, en contribuant en plus à l’atteinte d’objectifs collectifs plus larges.
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